La fin des punks à Helsinki

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Ole  tient un bar quelque part en Allemagne. A l’est pour préciser. Même si le mur est tombé il y a un bout de temps maintenant. Un bar d’habitués, piliers de comptoir, nostalgiques, ou nouveaux rebelles. Un bar où on ne mange pas bio, où il n’y pas d’espace pour les poussettes, et où l’on peut fumer. Un bar à son image, sa deuxième maison, refuge pour tous ceux qui en ont leur claque du discours ambiant bio bien-pensant à tout bout de champ.
Ole est un ancien punk. Son groupe Automat a eu ses heures de gloire à une époque. Une époque lointaine à ses yeux, où tout était encore possible, où il ne vivait que par révolte, au son des Dead Kennedy’s et des Pistols. Aujourd’hui il a 40 ans, et il pose un regard désabusé sur un monde qu’il n’a plus la force de faire bouger. Alors il mène son bout de chemin comme il peut, avalant ses pilules contre la mort, s’interdisant toute histoire d’amour et diffusant de vieux films porno dans l’arrière salle de son bar. Son bar, où il croise Lena, confidente un brin névrosée, ou encore son vieux pote Frank, ex acolyte d’Automat, toujours concentré à écrire son histoire du monde.

Une deuxième voix se glisse dans le roman. Nous sommes 1987 en Tchécoslovaquie.  Nancy à dix-ans et elle est punk. Elle le revendique avec sa crête, avec ses potes, avec ses idées, avec sa musique. Elle passe son temps à imaginer un monde nouveau, du moins renverser son monde actuel.
Les années 80 à l’Est, entre répression communiste et premières heures du capitalisme, les frontières infranchissables, un nuage radioactif au-dessus de la tête. Elle note tout dans son journal,  médite sur ce qui les attends, se révolte, gamberge sur les conséquences de Tchernobyl.
Pour l’heure, son avenir immédiat, c’est le concert des Die Toten Hosen à Plzen.

Jaroslav Rudis n’est pas franchement punk mais il faut bien le dire, il fait mouche. Le roman a d’ailleurs été très bien accueilli dans les milieux alternatifs tchèques, et à juste titre.
Un roman punk qui se situe de l’autre côté du mur, l’occasion d’évoquer les désillusions sociales et politiques et la contestation sous l’oppression, car il est certain qu’être punk dans les années 80 derrière le rideau de fer n’était pas une simple révolte contre des parents vieux jeu.
Mais le punk c’est aussi les beuveries, la drogue, les bastons. Quand tout se mélange et que les combats mutent, quand les uns vieillissent, le regard désabusé devant un monde qui bascule dans l’individualisme et les causes personnelles, l’œil triste qui a vu trop de morts. Et les plus jeunes, qui se raccrochent à ce qu’ils peuvent, avec leurs nouveaux moyens de lutter.

Excellent roman à découvrir sans tarder !

La fin des punks à Helsinki – de Jaroslav Rudis. Books éditions. 2012

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